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Mon Isménie, vaudeville contemporain

© Pascal Gely

Mise en scène par Daniel Mesguich, la pièce d’Eugène Labiche décline le comique du vaudeville avec ses ressorts traditionnels auxquels s’ajoutent ceux de l’humour d’aujourd’hui. Une joyeuse collision servie par des comédiens qui se glissent talentueusement dans toutes les formes du rire.

Le mariage, c’est là que le bât blesse. En effet, Isménie est la fille fraîche et fort jolie de son père certes, mais d’un père dont l’attachement ressemble surtout à celui d’un mari jaloux. Alors qu’elle franchit les 24 ans, Isménie voit hélas ses prétendants se faire éjecter les uns après les autres par ce père enragé qui ne peut se résoudre à une séparation filiale. Nymphette aux charmes irrésistibles, Isménie a pourtant tout pour plaire et elle ne demande qu’à convoler en justes noces, découvrir les folies de la chair et user sans compter de ses atouts certains. D’autant plus qu’à un âge pareil elle s’achemine clairement vers la ligne de partage entre mariable et vieille fille définitive. C’est dans ce contexte écartelé entre les désirs de la fille et la jalousie féroce du père que se présente Dardenboeuf. Le jeune homme est bien décidé à conquérir la belle en recourant à toutes les stratégies envers le futur beau-père quelles que soient ses furies, et celles-ci ne manquent pourtant pas d’éclat outrancier.

© Pascal Gely

Dans le rôle d’Isménie, la comédienne Alice Eulry d’Arceaux est un plaisir de légèreté, de coquinerie chahuteuse, de souplesse acrobatique et de ruse séduisante. Elle danse, elle trépigne et pleurniche, et toujours elle plaît. Dardenboeuf, le prétendant qu’elle ne veut pas laisser partir malgré les tactiques de son père, a non seulement le sens de la rouerie nécessaire, mais il a aussi et surtout l’allure et la séduction qui justifient un acharnement, l’acteur William Mesguich lui prêtant ses traits. À leurs côtés, Sophie Forte propose une futur tante complètement déjantée, Frédéric Souterelle est le père dont la rage tourne au grotesque loufoque. Enfin, Frédéric Cuif propose une Chiquette qui fait passer sur le plateau une bouffée de drôlerie délicate, rythmée, riche en expressions corporelles et variations vocales qui nous ramènent à la finesse de Labiche.

Le spectacle suscite beaucoup de rires ainsi que des surprises avec plus ou moins d’approbation face à cette mise en scène qui revisite le vaudeville dans une optique plus charpentée, à traits soulignés et avec de nombreuses allusions à l’actualité. Daniel Mesguich ose les interventions intempestives de l’humour frontal contemporain. Au final, les répétitions de mots et de situations, les gags, les évanouissements, les chansons et les numéros de charme concoctent un spectacle joyeux où chacun sera sûr de trouver à son gré une ou plusieurs raisons de rire.

Émilie Darlier-Bournat

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